Du papier photo classique…

Le 19 août 1839, en publiant le détail de l’invention du daguerréotype, la France faisait don de la photographie au monde…

Pas de papier dans l’invention de Louis Daguerre et Nicéphore Niepce : l’image, unique, était sur une plaque de cuivre argentée et polie… Les procédés photographiques mis au point à la même époque par Hippolyte Bayard et William Fox Talbot donnent eux des images sur papier.

Au milieu du XIXe siècle, l’industrie papetière naissante est en pleine mutation : les fibres issues de la récupération de chiffons cèdent petit à petit la place aux fibres de bois pour produire en quantité un papier moins cher. Les premiers photographes, qui font un usage détourné des papiers de l’époque, ne voient pas d’un bon œil ce progrès et préfèrent les productions traditionnelles : Talbot utilise les papiers des moulins de J. Whatman Turkey en Angleterre, Gustave Le Gray préconise les papiers Canson d’Annonay ou Lacroix d’Angoulême…

Ces papiers, avant de recevoir la couche sensible à la lumière et afin de pouvoir résister aux bains de développement, doivent être encollés, l’encollage étant une étape clé de la fabrication du papier. Les papetiers ont chacun leurs recettes secrètes…

Parce qu’un papier qui n’absorbe pas l’eau permet d’obtenir plus vite une épreuve utilisable, au début des années 60, Kodak a produit, pour répondre aux besoins de l’armée étasunienne, le Kind 1594, le premier papier photo Resin Coated… Avec une enduction de polyéthylène sur les deux faces, ce support sur lequel était couché l’émulsion photosensible était un réel progrès par rapport à ce qui avait déjà été essayé jusque là. Réservé à l’usage militaire, ce papier n’était pas au catalogue…

Quelques années plus tard, ce sont les papiers Resisto, destinés aux arts graphiques, qui passent en version RC… Comme pour le Kind 1594, ici aussi c’est la vitesse de traitement, de lavage, de séchage qui est la priorité, la durée de conservation est accessoire.

En septembre 1968, Kodak lance l’Ektacolor 20 RC puis, en octobre, les Velox Unicontrast et Premier RC. En 1969, ces papiers n’étaient vendus qu’en rouleau et probablement réservés au laboratoires industriels.

En quelques années, les autres fabricants lancent à leur tour des papiers PE – Kodak avait pris soin de déposer la marque Resin Coated – et les papiers couleur à support fibre laissent la place aux papiers RC.

Depuis plus de 50 ans, on s’est habitué au touché plastique de ces papiers, à leur rendu glacé, même quand la surface est « matte »… mais on oublie un peu vite que ces papiers sont devenus les papiers photo par défaut parce qu’avant tout, la chimie ne pouvant pénétrer les fibres du papier, il est devenait possible de réduire la durée puis le nombre des lavages, de raccourcir fortement le temps de traitement et de ranger, dans le grenier du labo, la glaceuse qu’il fallait entretenir soigneusement pour produire des tirages brillants…

L’enduction RC permettait aussi d’utiliser des oxydes de titane et de zinc, moins chers, à la place du sulfate de baryum – la baryte – pour obtenir un papier bien blanc.

Bien sûr, tout n’est pas parfait : la durée de conservation des tirages photos  couleur exposés à la lumière progresse difficilement… et c’est l’enduction RC / PE qui  en est la cause. Les papiers noir et blanc RC ont d’autres défauts… et ce n’est que grâce au lobbying forcené mené par Jean Dieuzaide à la fin des années 1970 que la production de papiers baryté de qualité a pu être maintenue.

Pour les tirages photographiques, nous proposons 3 catégories de papiers :

    • des papiers RC, ces papiers que des laboratoires photographiques présentent  comme des papiers photo classiques ;
    • des papiers barytés proches des vrais papiers photographiques traditionnels ;
    • des papiers fine art, semblable aux papiers aquarelle ou aux papiers utilisés par les graveurs d’art.

Les papiers RC sont des papiers économiques adaptés pour recevoir l’encre. Les papiers Canson Infinity RC sont certifiés pour une durée de conservation supérieure à 100 ans exposés sous cadre avec des encres pigmentaires Epson UltraChrome Pro 12 ; la conservation des papiers Fuji pour les épreuves et tirages petits formats est limitée par la tenue à la lumière des encres Fuji à base de colorant, moins bonne que les encres pigmentaires – typiquement, une trentaine d’année.

Nous proposons actuellement 3 papiers barytés : les Canson Infinity Platine fibre et Baryta prestige II et l’Hahnemülhe Photo Rag Metallic. Les papiers Canson sont des papiers blanc, le premier a une surface satinée, le second une surface brillante non glacée – le type de surface que l’on obtient en séchant le papier photographique à la glaceuse, émulsion vers la toile – ; le papier Hahnemülhe Metallic est un papier brillant à l’aspect métallisé – le papier est légèrement gris.

Les papiers Hahnemülhe Ultra Smooth et William Turner et le MediaJet Litho Archiv Matt sont des papiers fine art, sans baryte ni azurant optique. Le William Turner est un papier très structuré, les deux autres sont des papiers mat très lisse – le Litho Archiv Matt est un papier économique, d’un grammage plus faible que l’UltraSmooth mais d’une couleur et d’un aspect assez proche ; l’UltraSmooth permet d’obtenir des noirs plus profond.

Ces papiers, comme les papiers barytés, répondent au cahier des charges de la norme ISO 9706 sur les papiers destinés à l’archivage.

Fuji donne peu d’informations sur le Fuji Fine art Mat… c’est un papier à base fibre fibre avec une enduction très blanche…

L’Awagami Unryu Thin rentre aussi dans la catégorie des papiers fine art… même s’il n’est pas certifiés ISO 9706.

Du papier, encore du papier…

Nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises, la disparition d’Arjowiggins Scotland nous crée de grosses difficultés d’approvisionnement en papier qui sortent de l’ordinaire. Les productions ont presque toutes été reprises par d’autres papetiers – dans les papiers que nous proposons, seuls les Rives Dot et Rives Design n’ont pas encore d’équivalents – mais dans des conditionnements et formats qui ne sont pas du tout adapté à notre activité.

Bien sûr, nous n’attendons pas un retour à la situation antérieure – ne serait-ce que parce que le format 32 × 45 cm n’est pas le format de base des métiers de l’imprimerie et que, dans la liquidation d’Arjowiggins, l’expertise en matière de traitement pour l’impression numérique a été reprise mais par un papetier qui va d’abord la mettre en œuvre sur ses productions… – et cherchons des solutions de remplacement.

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Une amorce de baisse ?

Encore un billet sur l’évolution des prix… mais cette fois-ci, ce n’est pas pour annoncer une énième hausse.

Ce matin, un des principaux imprimeurs en ligne a annoncé  la fin de ses promotions qui se suivent et se ressemblent et une baisse de ses tarifs sur les imprimés papier.

La baisse ? Autour de 25 %…

Qu’est-ce que ça change ? Le marché des imprimeurs en ligne est un marché très concurrentiel et les concurrents directs vont suivre, s’aligner voire essayer de faire un peu mieux.

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Quand Bercy s’intéresse au prix du papier…

LE marronnier de la mi-août est, sans conteste, la rentrée scolaire et son coût.

Bercy a anticipé les choses : le 21 juillet, en toute discrétion et dans l’indifférence des médias, il a été demandé à la DGCCRF de s’intéresser à l’évolution des prix des fournitures scolaires, et en particulier des cahiers et des copies, comparée à celle du prix de la pâte à papier dont les prix avaient commencer à baisser.

Quand les associations de consommateurs et de parents d’élèves s’insurgent de la hausse exagérée des prix des fournitures scolaires et en particulier du prix des cahiers, Bruno Lemaire et à ses services peuvent botter en touche… à court terme. Continuer la lecture de « Quand Bercy s’intéresse au prix du papier… »

Une allure naturelle

Les 5 teintes de la gamme : Cereal (céréale), Chalk (craie), Indigo (indigo), Lava Stone (pierre de lave), Pebble (galet) (de gauche à droite et de haut en bas)

Ça faisait un moment que nous attendions un papier comme celui là : rigide à souhait, épais avec un toucher doux, une esthétique naturelle avec des teintes contemporaines minérales et végétales

Disponibles depuis peu, nous proposons dès maintenant les 5 papiers Olin Origins en 320 g/m² pour les chevalets de nos calendriers, les couvertures de livres photo et d’autres usages similaires et la version Chalk (craie) en 120 g/m² pour l’impression numérique laser.

Coté environnement, ces papiers sont certifiés FSC – issus de fibres de bois provenant de sources responsables –, fabriqués à partir de pulpe blanchie sans chlore élémentaire, neutres en carbone et la gamme Olin Origins est membre du 1 % pour la Planète…  et, malgré toutes leurs qualités, ces papiers ne sont pas conformes à la norme ISO 9706 sur le papier d’archivage.

Nous prévoyons de rentrer sous peu les papiers Pebble (galet) et Cereal (céréale) en 120 g/m² et d’avoir, dès disponibilité dans un conditionnement adapté, les 3 papiers clairs en 240 g/m² pour la réalisation de cartes, faire parts, invitations en impression numérique laser.

Papier recyclé et conservation

Nous sommes de fervents partisans de l’utilisation de papier recyclé –  c’est le seul papier que nous utilisons notre bureautique… – mais il y a comme un petit problème : le cahier des charges des papiers répondant à la norme ISO 9706 – norme qui spécifie les critères de permanence du papier – est antagoniste avec les conditions de production du papier recyclé – le papier issu du recyclage est trop pauvre en fibres de qualité pour produire un papier ayant la résistance minimale requise par la norme et est trop riche en matériaux oxydables qui nuisent à sa conservation.

La norme allemande DIN 6738 comme l’écolabel L’Ange bleu sont un peu laxistes en matière de conservation – l’important est d’avoir des papiers recyclés qui répondent à la norme, peu importe que leur conservation soit moins bonne que celle définie par la norme ISO 9706. Continuer la lecture de « Papier recyclé et conservation »

Nouveaux papiers en approche

Si tout se passe comme prévu, nous devrions disposer d’ici la fin de l’année de 3 nouveaux nouveaux papiers destinés à l’impression numérique laser : le Pergraphica Smooth en 300 g/m² qui manquait à notre catalogue – nous avons déjà la version Rough en 240 et 300 g/m²ainsi que le Smooth en 240 g/m² – et deux papiers structurés de feu Arjowiggins Scotland Ltd – ces papiers font partie des marques qui ont été reprises, nous devrions pouvoir être réapprovisionné sans soucis d’ici 3 mois. Continuer la lecture de « Nouveaux papiers en approche »

Pour faire vibrer la lumière…

Dans l’excellent documentaire de Stéphane Berthomieux diffusé par Arte en hommage à Pierre Soulages – documentaire disponible en replay jusqu’au 25 avril 2023 –, on découvre l’homme, l’artiste et sa manière particulière de faire naitre la lumière avec du noir, de la faire vibrer. Quoi de plus simple qu’une peinture noire, et pourtant… 

Pour le photographe – qui écrit avec la lumière – les interactions entre la lumière et la matière de l’image son souvent assez limitées : avec ses supports trop souvent lisses, parfaits, sans âme, et un aspect de surface uniforme, brillant – plus ou moins – ou mat, difficile d’avoir des images qui jouent avec la lumière ou dont l’aspect change au rythme de la journée, quoique… Et sans le lobbying forcené mené par Jean Dieuzaide à la fin des années 1970, il est probable que la situation serait pire. Continuer la lecture de « Pour faire vibrer la lumière… »

William Turner, vous connaissez ?

La Dogana et Santa Maria della Salute, Venise - William Turner - 1843
La Dogana et Santa Maria della Salute, Venise – William Turner – 1843

William Turner est un peintre, aquarelliste et graveur anglais de la fin du XVIIIe  et de la première moitié du XIXe siècle considéré comme un des précurseurs des impressionnistes.

Hahnemühle a fait le choix de donner le nom d’artistes à certains de ses plus beaux « papiers » fine art et a attribué celui de William Turner à un un papier 100 % coton, blanc, sans azurant optique, à la texture fine fortement marquée d’un aspect et d’un toucher proche de certains papiers aquarelle… le papier qui manquait dans notre gamme de supports pour l’impression pigmentaire grand format. Continuer la lecture de « William Turner, vous connaissez ? »