LE marronnier de la mi-août est, sans conteste, la rentrée scolaire et son coût.
Bercy a anticipé les choses : le 21 juillet, en toute discrétion et dans l’indifférence des médias, il a été demandé à la DGCCRF de s’intéresser à l’évolution des prix des fournitures scolaires, et en particulier des cahiers et des copies, comparée à celle du prix de la pâte à papier dont les prix avaient commencer à baisser.
Quand les associations de consommateurs et de parents d’élèves s’insurgent de la hausse exagérée des prix des fournitures scolaires et en particulier du prix des cahiers, Bruno Lemaire et à ses services peuvent botter en touche… à court terme.
Il y a juste quelques points de détails omis par le Ministre et ses conseillers :
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- la pâte à papier fait partie des matières premières dont les cours dépendent plus de la demande – et de la spéculation – que des coûts de production ;
- après la période de tension post Covid, les stocks sont enfin revenus en début d’année à un niveau « normal » ;
- entre la pâte et la feuille de papier, il y a de l’énergie, beaucoup d’énergie…
- tant d’énergie que les papetiers ont préféré arrêter des lignes de production quitte à avoir des stocks en tension que de produire à perte ;
- le nombre de lignes de production, en France comme en Europe diminue depuis de nombreuses années – et la disparition d’Arjowiggins Scotland n’a pas arrangé les choses ;
- le papier, c’est lourd… et les coûts de transport de la pâte, du papier brut et des produits finis comptent pour une part non négligeable du prix payé par le consommateur, entreprise ou particulier ;
- un cahier, ce n’est pas que du papier : les couvertures comme les feuilles sont imprimées, assemblées, façonnées…
- le prix des cahiers vendu pour la rentrée scolaire ont été négociés il y a plusieurs mois ;
- ce n’est pas parce que les cahiers sont dans les rayons mi-juillet qu’ils ont été fabriqué fin juin avec de la pâte achetée en mai ;
- les prix de la pâte à papier importée n’ont commencé à baisser qu’en avril de cette année d’après l’INSEE ;
- toujours d’après l’INSEE, les cours de la pâte à papier étaient entre janvier 2021 et mars 2023 à des niveaux supérieurs à ceux de la période septembre 2017 – novembre 2018 – et très supérieurs entre mars 2022 et février 2023 ;
- la forte inflation a été en partie compensées par des hausses de salaire que l’on retrouve dans les prix des produits finis…
- sur les 6 dernières années – 72 derniers mois, chiffres de l’INSEE – les prix de la pâte à papier importée ont varié du simple au double… et les prix des 3 derniers mois sont inférieurs de 13 % au prix moyen de la période… – sur la même période l’inflation mesurée par l’INSEE est de 15 % soit 2,35 % par an ;
Les premières hausses des prix du papier ont été annoncées par nos fournisseurs fin mai 2021… et les prix des papiers que nous utilisons n’ont augmenté qu’au printemps 2022. La plupart des papiers que nous avons en stock ont été acheté dans la phase de démarrage de notre entreprise avant la hausse…
Nous attendons bien sûr les conclusions de la DGCCRF… mais savons qu’il est peu probable que le prix des papiers que nous utilisons ne commencent à baisser avant le début de l’année prochaine.
Vu l’évolutions des prix du toner, de l’encre et de l’énergie, l’impression traditionnelle sera économiquement plus intéressant que l’impression numérique laser pour des petites quantités pour encore plusieurs mois.
Les papetiers savent gérer les fluctuations des cours de la pâte à papier, répercutent rapidement les prix sur les produits finis – et ont moins d’inertie que les pétroliers…
Edit du 7 septembre
Nous ne sommes pas encore à la baisse de prix attendue, mais les promotions se multiplient : après les papiers bureautique, les papiers d’impression courants sont maintenant touchés…
Edit du 26 octobre
Les conclusions de la DGCCRF ont été rendues en toute discrétion le 8 septembre, n’ont pas plus intéressé les médias que ça – la rentrée des classes, c’est déjà loin – et sont ici.