Il faut suivre le mouvement…

Avant, c’était simple : les impressions grand format se vendaient, en gros, en fonction du coût matière soit en tenant compte de la surface du tirage et du papier utilisé – papier dont le prix varie d’un facteur 1 à 10 pour les papiers photo et fine art que nous proposons… et les papiers photo les plus chers du marché ne pas (encore) à notre catalogue.

Pour faire passer les fortes hausses des prix du papier de 2022 et 2023, certains de nos confrères ont « simplifié » leur grille tarifaire : les tirages ne sont plus vraiment facturés en fonction de leur surface – les petits formats sont facturés, en proportion, plus cher que les grands – et les prix du papier se retrouvent moins dans le prix des tirages… C’est intéressant pour les adeptes des grands formats sur papier cher, ceux qui préfèrent des formats plus petits sur des papiers abordables payent le manque à gagner.

Manifestement, la méthode doit avoir un avantage : lors de la création d’Inpixya, tout le monde vendait les tirages au mètre carré… aujourd’hui, c’est devenu l’exception.

Nous n’avons pas le choix et devons aujourd’hui suivre le mouvement… tout en restant raisonnable – non, nous ne prévoyons d’aller aussi loin que certain de nos confrères.

Nous allons procéder à une hausse de nos tarifs d’impression grands formats au 1er septembre : cette hausse, initialement prévue pour tenir compte des hausses de prix de l’encre, nous fera (un peu) rentrer dans les rangs.

Pour un tirage 40 × 60 cm, la hausse liée au prix de l’encre est de 25 centimes – vu notre consommation d’encre, il est probable que 2 hausses du même ordre de grandeur aient lieu d’ici la fin de l’année –, le mode de calcul des prix en fonction du format, inspiré par ceux utilisés par nos confrères, est, lui, responsable de la légère baisse de prix des tirages de format supérieur au 40 × 60, et de la hausse sensible de celui des tirages plus petits.

Une nouvelle version du calculateur de prix accompagne la hausse. Nous avons profité de l’indispensable mise à jour pour ajouter des fonctions qui, à l’usage, nous semblaient utiles : il est maintenant possible de choisir le format des tirages en fonction du ratio du format de l’image – ça n’a l’air de rien comme ça, c’est magique…  – et de faire les calculs de prix de tirages avec des marges d’un ou deux centimètres – nous l’avons vu ailleurs, nous avons regretté de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Du papier photo classique…

Le 19 août 1839, en publiant le détail de l’invention du daguerréotype, la France faisait don de la photographie au monde…

Pas de papier dans l’invention de Louis Daguerre et Nicéphore Niepce : l’image, unique, était sur une plaque de cuivre argentée et polie… Les procédés photographiques mis au point à la même époque par Hippolyte Bayard et William Fox Talbot donnent eux des images sur papier.

Au milieu du XIXe siècle, l’industrie papetière naissante est en pleine mutation : les fibres issues de la récupération de chiffons cèdent petit à petit la place aux fibres de bois pour produire en quantité un papier moins cher. Les premiers photographes, qui font un usage détourné des papiers de l’époque, ne voient pas d’un bon œil ce progrès et préfèrent les productions traditionnelles : Talbot utilise les papiers des moulins de J. Whatman Turkey en Angleterre, Gustave Le Gray préconise les papiers Canson d’Annonay ou Lacroix d’Angoulême…

Ces papiers, avant de recevoir la couche sensible à la lumière et afin de pouvoir résister aux bains de développement, doivent être encollés, l’encollage étant une étape clé de la fabrication du papier. Les papetiers ont chacun leurs recettes secrètes…

Parce qu’un papier qui n’absorbe pas l’eau permet d’obtenir plus vite une épreuve utilisable, au début des années 60, Kodak a produit, pour répondre aux besoins de l’armée étasunienne, le Kind 1594, le premier papier photo Resin Coated… Avec une enduction de polyéthylène sur les deux faces, ce support sur lequel était couché l’émulsion photosensible était un réel progrès par rapport à ce qui avait déjà été essayé jusque là. Réservé à l’usage militaire, ce papier n’était pas au catalogue…

Quelques années plus tard, ce sont les papiers Resisto, destinés aux arts graphiques, qui passent en version RC… Comme pour le Kind 1594, ici aussi c’est la vitesse de traitement, de lavage, de séchage qui est la priorité, la durée de conservation est accessoire.

En septembre 1968, Kodak lance l’Ektacolor 20 RC puis, en octobre, les Velox Unicontrast et Premier RC. En 1969, ces papiers n’étaient vendus qu’en rouleau et probablement réservés au laboratoires industriels.

En quelques années, les autres fabricants lancent à leur tour des papiers PE – Kodak avait pris soin de déposer la marque Resin Coated – et les papiers couleur à support fibre laissent la place aux papiers RC.

Depuis plus de 50 ans, on s’est habitué au touché plastique de ces papiers, à leur rendu glacé, même quand la surface est « matte »… mais on oublie un peu vite que ces papiers sont devenus les papiers photo par défaut parce qu’avant tout, la chimie ne pouvant pénétrer les fibres du papier, il est devenait possible de réduire la durée puis le nombre des lavages, de raccourcir fortement le temps de traitement et de ranger, dans le grenier du labo, la glaceuse qu’il fallait entretenir soigneusement pour produire des tirages brillants…

L’enduction RC permettait aussi d’utiliser des oxydes de titane et de zinc, moins chers, à la place du sulfate de baryum – la baryte – pour obtenir un papier bien blanc.

Bien sûr, tout n’est pas parfait : la durée de conservation des tirages photos  couleur exposés à la lumière progresse difficilement… et c’est l’enduction RC / PE qui  en est la cause. Les papiers noir et blanc RC ont d’autres défauts… et ce n’est que grâce au lobbying forcené mené par Jean Dieuzaide à la fin des années 1970 que la production de papiers baryté de qualité a pu être maintenue.

Pour les tirages photographiques, nous proposons 3 catégories de papiers :

    • des papiers RC, ces papiers que des laboratoires photographiques présentent  comme des papiers photo classiques ;
    • des papiers barytés proches des vrais papiers photographiques traditionnels ;
    • des papiers fine art, semblable aux papiers aquarelle ou aux papiers utilisés par les graveurs d’art.

Les papiers RC sont des papiers économiques adaptés pour recevoir l’encre. Les papiers Canson Infinity RC sont certifiés pour une durée de conservation supérieure à 100 ans exposés sous cadre avec des encres pigmentaires Epson UltraChrome Pro 12 ; la conservation des papiers Fuji pour les épreuves et tirages petits formats est limitée par la tenue à la lumière des encres Fuji à base de colorant, moins bonne que les encres pigmentaires – typiquement, une trentaine d’année.

Nous proposons actuellement 3 papiers barytés : les Canson Infinity Platine fibre et Baryta prestige II et l’Hahnemülhe Photo Rag Metallic. Les papiers Canson sont des papiers blanc, le premier a une surface satinée, le second une surface brillante non glacée – le type de surface que l’on obtient en séchant le papier photographique à la glaceuse, émulsion vers la toile – ; le papier Hahnemülhe Metallic est un papier brillant à l’aspect métallisé – le papier est légèrement gris.

Les papiers Hahnemülhe Ultra Smooth et William Turner et le MediaJet Litho Archiv Matt sont des papiers fine art, sans baryte ni azurant optique. Le William Turner est un papier très structuré, les deux autres sont des papiers mat très lisse – le Litho Archiv Matt est un papier économique, d’un grammage plus faible que l’UltraSmooth mais d’une couleur et d’un aspect assez proche ; l’UltraSmooth permet d’obtenir des noirs plus profond.

Ces papiers, comme les papiers barytés, répondent au cahier des charges de la norme ISO 9706 sur les papiers destinés à l’archivage.

Fuji donne peu d’informations sur le Fuji Fine art Mat… c’est un papier à base fibre fibre avec une enduction très blanche…

L’Awagami Unryu Thin rentre aussi dans la catégorie des papiers fine art… même s’il n’est pas certifiés ISO 9706.