Avec plus d’un milliard d’utilisateurs revendiqués, 220 millions d’utilisateurs mensuels, 5 000 collaborateurs de par le monde, un logiciel phare accessible gratuitement pour les particuliers avec des fonctionnalités limitées sur tablette, smartphone ou n’importe quel ordinateur personnel permettant d’accéder à internet, des versions payantes pouvant répondre aux besoins les plus divers, une réserve de modèles variés alimentée par les utilisateurs, l’accès aux banques d’images et d’illustrations Pixabay et Pexels qu’il a racheté, l’acquisition de Serif – l’éditeur des logiciels Affinity que nous utilisons au quotidien – au printemps de cette année puis, fin juillet, de la plateforme de génération de contenu Leonardo, Canva est devenu, en une douzaine d’années, un des poids lourds de la création graphique.
Nous n’aimons pas Canva et facturons, sans états d’âme, des frais de mise au format / mise au normes / corrections colorimétriques / remplacement d’éléments visuels et autres à nos clients qui désirent imprimer « leurs » créations sur nos équipements ou, quand c’est une meilleure solution technique ou économique, chez les prestataires avec lesquels nous travaillons.
Il faut être clair : ces frais sont élevés – à minima 60 € TTC par page – et, trop souvent, sont loin de couvrir le coût du travail nécessaire pour faire du document généré par Canva un document exploitable dans une chaîne graphique professionnelle. Ces frais peuvent même être très supérieurs à ce que coûterait la création, à partir de rien, du document que notre client a longuement créé et souhaite imprimer…
Canva génère 2 types de fichier :
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- du PNG de taille fixe, 1414 × 2000 pixels : le format PNG est un format ouvert, gratuit, qui a été créé pour remplacer le GIF pour lequel Unisys a décidé, un matin, de demander des royalties. Le PNG est destiné à l’affichage sur écran dans une page web : il ne gère pas les couleurs, est mal adapté aux photographies et, comme tous les formats bitmap, est limité en taille d’impression – les 1414 × 2000 pixels offerts généreusement par Canva n’autorisent qu’une impression papier de 12 × 17 cm !
- du PDF au format du document : le format PDF créé par Adobe a plein d’avantages, à commencer par celui de savoir gérer, ensemble et dans le même fichier, éléments vectoriels et bitmaps… mais, et c’est là que l’on voit les principaux défauts de Canva : certains objets créés vectoriels sont codés comme des bitmaps… et on ne peut prévoir les tracés vectoriels qui seront conservés et ceux qui seront pixelisés tout comme il est impossible d’exporter les polices de caractères sous forme de courbe. S’il est possible de générer un fichier PDF avec des bords perdus, les paramétrer finement ne l’est pas tout comme il est impossible d’attribuer un profil couleur au fichier généré – ce qui fait qu’entre ce que voit à l’écran celui qui crée le document et l’impression, il y a, pratiquement à chaque fois, des mauvaises surprises.
Cerise sur le gâteau, Canva propose, sans qu’il soit nécessaire d’installer quoi que ce soit sur son poste de travail, un catalogue de polices de caractères conséquent… Ce n’est pas parce que Canva met gratuitement ces polices à disposition que ces polices sont gratuites : dernièrement, un de nos clients nous a confié un travail dans lequel la licence d’une seule des polices utilisées coûtait plus chère que ce que nous lui avons facturé pour la préparation du fichier… s’il n’avait pas été possible de récupérer proprement le texte sous forme vectorielle, nous aurions dû acheter et facturer, au moins deux licences, une pour notre poste informatique et une pour l’imprimante qui a sorti le travail !
Il en est de même pour les photos, illustrations et autres éléments graphiques mis à disposition gratuitement : leur qualité est très inégale, certains sont vectoriels, d’autres sont des bitmaps de (trop) petite taille… et ils ne sont, pour la plupart, pas libres de droits – en droit français et européen, la propriété morale d’une œuvre est perpétuelle et non cessible, ce qui veut dire, en clair, que les auteurs de tous les dessins, éléments graphiques et photographies doivent être crédités !
On pourrait croire que les versions payantes améliorent un peu les choses, il n’en est rien.
On aurait pu espérer qu’après l’acquisition de Serif, Canva intègre un semblant de gestion des couleurs… ça n’a, pour le moment, pas été fait.
Canva est un outil que l’on devrait réserver à ce pour quoi il a été conçu : la création de documents ou d’illustrations, sans prise de tête, destinés à l’usage personnel de son créateur, documents ou illustrations qui, s’ils sont imprimés, le sont sur une imprimante personnelle en étant pas trop exigeant sur la finesse et le rendu coloré.
Pour le reste, il vaut mieux se tourner vers des vrais outils comme la Creation Suite d’Adobe, les logiciels Serif Affinity – Serif, qui, comme écrit plus haut, est propriété de Canva –, le trio open source Inkscape, Gimp, Scribus ou d’autres comme Krita.
Microsoft Publisher, même s’il est presque moins pire, n’est pas meilleur…
Libre Office a ses limites… mais a l’avantage sur Canva et Microsoft Publisher de produire des fichiers PDF très propres.
Bien évidemment, ces logiciels doivent être installés sur un poste informatique, ne sont pas fournis avec un nombre de modèles quasi infini et une multitude de polices de caractères et demandent du temps pour être maîtrisés… mais le risque de retrouver « sa » création réutilisée par quelqu’un d’autre pour tout autre chose est nul alors qu’avec Canva…